Apprendre le Québec

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Contes et légendes québécoises

Cette histoire remonte à la légende française d’un homme noble et riche qui aimait chasser. Il aimait tellement chasser, qu’un jour, il décida de ne pas aller à la messe du samedi. Sa punition fût d’être condamné à errer dans le ciel, pourchassé par des chevaux galopants et des loups hurlants. Des colons français venus s’installer au Canada ont mélangé cette légende à l’un des mythes amérindiens à propos d’un canoë volant.

Avez-vous déjà entendu parler de la chasse-galerie? Ce sont des canots qui volaient dans les airs, poussés par le diable, il y a de ça ben longtemps. Ils transportaient des possédés du démon, surtout des gars de chantier. Peut-être ben qu’un jour les humains voyageront dans les airs comme on fait aujourd’hui en buggy ou en traîneau sur le chemin du roi. Mais il y a 50, 100 ans et même dans les anciens temps, on pouvait voyager dans les airs sur des tapis magiques, ? califourchon sur des balais de sorcières ou en canot par la chasse-galerie: tous des moyens du diable.

J’avais tout juste 19 ans. C’était mon quatrième hiver dans un chantier. J’étais pas sacreur, mais ben macreau, ce qui a ben failli me perdre.

On était à la veille du jour de l’An, et c’était pas au p’tit gobelet qu’on s’passait le rhum comme à soir, mais à pleins barriquets. Rond comme un oeuf, je m’étais étendu sur mon lit tout habillé.

Tout d’un coup, je m’réveille-ti pas en sursaut. Qui est-ce qui se penche au-dessus de moi? La grande face à Jack Boyd, le foreman ; … Il était nouveau au chantier ce foreman-là.

On l’avait jamais vu avant c’t’année. Il nous avait acheté du rhum en masse pour le jour de l’An.

Il avait l’air d’un gars qui avait de l’argent.

Aimerais-tu ça voir ta blonde? … qu’il me dit. Je le regardais d’un air hébété Réveille-toi donc, qu’il me dit en me secouant de toutes ses forces et il était fort comme deux chevaux. Veux-tu la voir à soir, ta Lise?

Voir ma Lise, c’était pas possible. Elle habitait à Lavaltrie, à plus de cent lieues et je m’en ennuyais à mourir. J’aurais fait le trajet à pied et en plein hiver pour la voir, si j’avais pu laisser le chantier. Pis, j’aurais vendu mon âme au diable pour passer une nuit avec elle. Même que ça failli arriver, ce soir-là.

– Vous voulez rire, que je dis à Boyd. À Lavaltrie, c’est à plus de cent lieues. Ça prendrait plus d’un mois à faire le voyage à pied ou en traîne à cheval.

Y’en est pas question, me dit Jack Boyd. Nous ferons le voyage en canot dans les airs. Dans deux heures, nous serons à Lavaltrie. Nous irons au bal du village et à six heures demain matin nous serons revenus au chantier.

J’ai eu comme fret dans le dos:

– Quoi, on ferait la chasse-galerie?

-Appelle-ça comme tu voudras, mon gars, me dit Boyd sans sourciller, ça n’a pas d’importance. Le principal, c’est d’avoir du bon temps à soir. Pour faire la chasse-galerie, il faut un nombre pair: 2, 4, 6 ou 8. Il y en a 7 de prêts à courir cette nuit. Tu seras le huitième. Fais-ça vite: les hommes nous attendent dehors et y a pas une minute à perdre.

Pis, comme s’il avait été sûr d’avance que je dirais oui, il ajouta :

– Mais avant de partir, pour pas éveiller les soupçons, tu vas faire comme de coutume: sur le coup de minuit, tu vas sauter la nouvelle année par-dessus le baril de lard, parce que t’es encore le plus jeune du chantier.

J’étais trop étourdi par le rhum … Eh ben oui, j’pouvais pas sauter le baril, comme je l’avais fait les années précédentes. Les gars finirent par accepter mes excuses. Jack Boyd, moi et deux autres, on sortit. Le ciel était clair et les étoiles brillaient à nous vriller l’âme. Mais il faisait un fret à faire gémir les arbres. Un grand canot sombre reposait sur la neige, près d’une cordée de bois. Quatre hommes du camp voisin nous attendaient, l’aviron à la main.

– Baptiste, tu connais ça la chasse-galerie: à la barre! commanda Jack Boyd.

Baptiste s’installa à l’arrière du canot. Et avant d’avoir eu l’éclair d’une pensée, j’étais déjà assis dans l’embarcation, avec les autres, tenant mon aviron ben serré. Baptiste nous lança d’une voix forte :

– Nous venons tous de faire un serment au diable et, vous l’savez, on fait pas de farces avec ça. C’est ben sérieux. Mais je sais d’expérience que si vous faites ce que je vais vous dire, on va s’en tirer facilement. Prenez ben garde à ce que j’vous dirai, par exemple. Autrement, on est fini, les gars. Pour commencer, pas de sacres ni de boisson. Ensuite, faut pas prononcer le nom de Dieu ni toucher à une croix de clocher, même pas en frôler une avec le canot ou avec nos avirons durant le vol. Entendu ?

– Oui, oui, entendu, répétèrent les hommes en choeur.

– Bon, à c’t’heure, enchaîna Baptiste, répétez avec moi: « Satan, roi des enfers, nous te promettons de te livrer nos âmes si, d’ici six heures, nous prononçons le nom de ton maître et le nôtre, le bon Dieu, et si nous touchons une croix dans le voyage. À cette condition, tu nous transporteras, à travers les airs, au lieu où nous voulons aller et tu nous ramèneras de même au chantier. Acabris! Acabras! Acabram!… Fais-nous voyager par-dessus les montagnes.

À peine avions-nous répété ces paroles avec Baptiste que déjà nous sentions le canot s’élever dans les airs, par-dessus les camps, les arbres et, bientôt, les montagnes. Chaque coup d’aviron faisait filer notre canot comme flèche dans le vent. Le fret nous durcissait la face, engivrait les moustaches et les capots de chat sauvage et nous colorait le nez comme du boudin mal cuit. Les forêts nous apparaissaient comme des immenses taches d’ombre épeurantes sur une neige aveuglante de blancheur. Pas longtemps après, on vit un serpent géant et luisant comme un miroir qui relançait vers nous les reflets de la lune; c’était la Gatineau.

Puis, des maisons d’habitants nous apparurent, toutes petites d’où nous étions, faisant si ben partie de la neige tout autour qu’on pouvait les distinguer seulement aux lumières faibles qui perçaient de leurs fenêtres. On commença aussi à voir des villages, des clochers d’église qui brillaient dans le ciel comme des lances. Longtemps on fila par-dessus les forts, les villages, les rivières et les lacs, si vite qu’on laissait derrière nous autres comme une traînée de feu. Puis on vit des milliers de petites lumières tout près les unes des autres, comme si elles voulaient se réchauffer: c’était Montréal. Tout ça nous faisait une ben drôle d’impression.

Baptiste connaissait ben son chemin: il nous menait tout droit sur Lavaltrie. Tout d’un coup il nous crie:

– Attention, vous autres, on va atterrir bientôt dans le champ de Jean – Jean Gabriel, mon parrain. De là, on trouvera ben quelque fricot ou quelque sauterie dans le voisinage … Bramaca! Irbaca!

Tout de suite après ces mots magiques, le canot plongea vers le sol et atterrit brusquement dans un banc de neige, près du bois de Jean – Jean Gabriel. On partit en file indienne vers le village. Il fallait qu’on s’ouvre un chemin dans une neige épaisse. On frappa la porte du parrain de Baptiste. Toute la famille était partie fêter. La fille engagée qui répondit à la porte nous dit que les vieux étaient à un snaque chez le père Robillard et que les jeunes fêtaient chez Batissette Augé, à la Petite – Misère, en bas de Contrecoeur, de l’autre côté du fleuve, où il y avait un rigodon du jour de l’An.

– On va chez Batissette! qu’on cria en choeur.

On revint au canot.

– Acabris! Acabras! Acabram!

… Fais-nous voyager par-dessus les montagnes! cria de nouveau Baptiste. Et nous voilà repartis pour la Petite – Misère, en navigant dans les airs comme des renégats que nous étions. Deux coups d’aviron et hop! on est déjà de l’autre côté du fleuve, au-dessus de la maison tout illuminée de Batissette Augé. Les sons ouatés du violon et des éclats de rire parvenaient jusqu’à nous et on voyait des ombres se trémousser à travers les vitres couvertes de givre: ça nous faisait frétiller d’avance.

On cacha le canot pas loin de la maison et on courut vers la chaleur, la danse, les chansons, les rires, les femmes, et la boustifaille. Baptiste nous conjura de ne pas boire et de ben surveiller nos paroles:

– Surtout, qu’il nous dit, pas un verre de bière et de fort. Aussitôt que je vous ferai signe, suivez-moi sans retard. Oubliez pas qu’à six heures, il faut qu’on soit revenus au chantier, sinon, malheur à nous! Vous m’entendez, les gars?

Ce fut le père Batissette lui-même qui vint ouvrir. On nous reçut à bras ouverts. On connaissait presque toute le monde qui se trouvait là. On nous assomma de questions, tant les gens du village étaient surpris de nous voir là quand on aurait dû être à plus de cent lieux. Baptiste se chargea de répondre comme il pouvait aux questions… pendant le premier quart d’heure, parce qu’après ça, il était déjà pas mal pompette et s’en fichait comme dans l’an quarante. Quant à moi, j’avais déjà reluqué ma Lise qui dansait avec un jeune faraud de Lanoraie, un dénommé Boisjoli. Je m’approchai d’elle et lui demandai si elle m’accorderait la prochaine. J’étais devenu comme timide avec elle, tellement que j’en avais l’air gauche à en sacrer. Mais, je vous l’ai dit au début, je ne sacrais pas. Je me contentai de rougir jusqu’aux oreilles. Feignant de ne pas s’en apercevoir (la bougraisse, elle était déjà plus délurée que moi!), elle accepta avec un sourire qui me fit oublier que j’avais risqué le salut de mon âme pour avoir le plaisir de me trémousser pendant quelques courtes heures avec elle.

Pendant deux bonnes heures d’affilée, une danse n’attendait pas l’autre. J’étais infatigable. Elle aussi. Jack Boyd m’offrit un verre de whisky blanc. Je refusai net. Comment pouvait-il nous offrir de la boisson quand il savait que ça nous était défendu d’en prendre? J’comprenais plus rien à ça, d’autant plus que je le voyais passer de l’un à l’autre, avec sa bouteille, offrant un verre par ci par là. Il allait même jusqu’à en offrir à Baptiste qui était depuis belle lurette rond comme un oeuf.

Un moment donné, Boyd vint m’avertir qu’il fallait partir tout de suite et sans dire bonsoir à la compagnie pour pas éveiller l’attention. Je voulais plus partir. Je voulais rester avec ma Lise. Rien à faire, qu’il m’a dit, « on est parti huit, huit on doit revenir, tout l’maudit équipage d’enfer. »

On partit comme des sauvages, les uns après les autres pour pas éveiller l’attention :

– Acabris! Acabras! Acabram! … Fais-nous voyager par-dessus les montagnes!

Notre canot s’éleva dans les airs sans difficulté. On refit le même chemin pour revenir au chantier de la Gatineau, mais avec bien des zigzags et des singeries, parce que notre Baptiste, il en menait pas large. Il était saoul comme un cochon et il fallait qu’on l’réveille à tout bout de champ, et quand on l’réveillait (il fallait ben: c’était le seul qui connaissait le chemin par coeur), il sacrait comme un damné, mais, heureusement pour nous, sans jamais prononcer le nom de Dieu. Autrement, on aurait pris une jolie plonge… probablement jusqu’en enfer: J’en tremble encore rien que d’y penser. On frôla des églises, des clochers, des croix, même une croix de tempérance qu’un évèque avait fait planter, mais sans jamais rien toucher. Y a pas à dire, on devait avoir un bon ange avec nous autres.

On finit par apercevoir le long serpent blanc de la Gatineau, mais il ne reluisait plus comme à l’aller, parce que la lune avait disparu derrière de gros nuages sombres. On distinguait surtout la rivière par les rangées de pins noirs en bordure des deux rives.

Comme j’avais hâte d’arriver! J’avais une peur noire et l’esprit retourné comme un cornichon dans le vinaigre. Qu’est-ce qui m’avait pris de risquer mon âme pour sauter quelques heures avec ma Lise? Surtout qu’elle devait se marier l’année suivante avec le p’tit Boisjoli de Lanoraie, le faraud qui l’accompagnait quand je l’ai demandée à danser. Probablement qu’elle m’en a voulu d’être parti comme un sauvage, sans lui faire mes adieux d’une façon convenable. Ce qui m’chicotte encore, c’est que je l’saurai jamais. J’en voulais à Jack Boyd, à Baptiste et surtout à moi, la sacrée cruche.

Comme on approchait du chantier, Baptiste fit une mauvaise manoeuvre: le canot prit une plonge et s’accrocha à un gros sapin. Nous voilà tous à dégringoler de branche en branche et on s’est ramassé tête première dans les bancs de neige. Mon Baptiste sacrait comme un démon. Qu’importe: on était sauf. Ma première pensée a été de remercier le ciel, mais je me suis toujours demandé si c’était le bon Dieu qui nous avait protégés ou ben le diable qui ne voulait pas encore de nous autres.

Le plus curieux de l’histoire, c’est que le lendemain matin, plus de Jack Boyd. Il avait disparu. On ne devait plus jamais le revoir. Quand, ce matin-là, j’ai rappelé notre aventure à Baptiste et à mes compagnons de voyage, personne ne s’en souvenait: les sacripants, ils avaient trop bu!

Vous connaissez sans doute mille et une histoires entourant le magnifique Rocher Percé en Gaspésie. Je vous raconte celle de la belle Blanche de Beaumont et du Chevalier de Nérac. C’était à l’époque où le Canada appartenait encore à la France.

Blanche de Beaumont vivait en Normandie, dans un vieux château. C’était une belle jeune fille âgée d’à peine seize ans. Elle était fiancée au chevalier Raymond de Nérac dont elle était très amoureuse.

Sur les ordres du roi, le chevalier de Nérac dut se rendre en Nouvelle-France pour combattre les féroces Iroquois. Adieu la douce vie en France, les plaisirs de la cour et la belle et adorable fiancée de Normandie.

Une fois en Nouvelle-France, le chevalier de Nérac n’eut pas la vie facile. Il dut combattre les Iroquois et affronter nos durs hivers tout en commandant des hommes qui n’étaient guère obéissants. Il se rongeait d’ennui et d’amour pour sa fiancée qui le hantait.

Pendant ce temps, Blanche de Beaumont se morfondait également dans l’attente de son bien-aimé. Elle prit un jour la décision d’aller rejoindre son fiancé en Nouvelle-France et de l’épouser. Blanche de Beaumont s’embarqua donc pour la Nouvelle-France avec son frère que le roi avait prié de faire du service dans sa colonie.

À la mi-octobre, le navire arriva à la hauteur des côtes de Terre-Neuve. Soudain la vigie annonça un navire à bâbord, et on eut tôt fait de reconnaître un vaisseau pirate. Le capitaine ordonna à tous les hommes de se munir de leurs armes et assigna à chacun d’eux un poste en attente de l’abordage. Ce fut l’horreur! Les Français offrirent une résistance farouche mais les pirates, plus nombreux et mieux armés s’emparèrent du navire et de son contenu. Ils firent plusieurs prisonniers dont Blanche de Beaumont qu’on enferma dans une cabine.

Quand le capitaine des pirates aperçut la jeune fille, il décida qu’elle devait lui appartenir. Mais au lieu de la violenter, comme c’était souvent son habitude, il voulut en faire sa femme, la patronne du navire et la mère de ses enfants. Les enfants qu’il aurait seraient de sang noble.

Mais c’était sans compter la détermination de Blanche de Beaumont. Celle-ci, accepta la proposition du capitaine, mais au moment de la célébration, alors qu’on s’y attendait le moins, elle se retourna, se mit à courir et se jeta à l’eau avant que personne n’ait pu intervenir. Elle disparut dans les profondeurs de la mer.

Par la suite, le navire glissa dans un épais brouillard. Le lendemain, lorsque le soleil eut réussi à dissiper cette brume, l’équipage aperçut une masse énorme: c’était le Rocher Percé. Cet imposant rocher, semblant flotter près du rivage comme un navire ancré, dégageait une menace mystérieuse et impitoyable. Les pirates, figés de terreur, distinguèrent à son sommet une espèce d’apparition voilée dans laquelle ils crurent reconnaître Blanche de Beaumont. Puis brusquement, cette apparition abaissa ses mains vers le vaisseau dans un geste de malédiction et ce dernier, avec tous ses occupants, fut changé en un rocher dont on retrouve encore des vestiges aujourd’hui.

Quant au chevalier de Nérac, il périt peu après aux mains des Iroquois.

Il paraît qu’à certains moments, lorsque le Rocher Percé est enveloppé de brouillard, on croit parfois entrevoir Blanche de Beaumont à la recherche de son amour perdu…

L’inauguration officielle du pont de Québec a été faite le 22 août 1919. Les travaux avaient pourtant débuté dès octobre 1900. De nombreux accidents graves, causant même des pertes humaines, sont survenus lors de sa construction.

Il n’en fallait pas plus pour créer un terrain fertile à la légende…

Le 29 août 1907, une partie importante du pont en construction s’écroula, tuant d’un coup plus de 75 ouvriers et en blessant plusieurs autres. Le 20 juillet 1916, un autre accident eut lieu. On parle alors de 13 morts. Il semble bien que la construction de ce fameux pont était victime d’un certain maléfice. On décida quand même de poursuivre les travaux car un pont à Québec était nécessaire au transport ferroviaire et au développement de la région.

À la reprise des travaux, un ingénieur se présenta au contremaître pour lui proposer ses services. Il promettait un travail sans aucune catastrophe, mais à certaines conditions: celui-ci devait entre autres choses, lui promettre que l’âme de la première personne à traverser le pont lui soit remise.

Ébranlé par tout ce qui venait d’arriver, et sans réfléchir, le contremaître accepta.

Les travaux reprirent enfin et tout se passa bien jusqu’au jour de l’inauguration.

Au moment où l’on s’apprêtait à traverser le pont, le contremaître aperçut le fameux ingénieur et lui trouva un air diabolique. Il se rappela alors sa promesse de lui offrir l’âme de la première personne à traverser le pont. Réalisant avec horreur qu’il avait agi sans réfléchir et avant qu’il ne soit trop tard il empoigna un gros chat noir qui se serait malencontreusement trouvé, au mauvais endroit au mauvais moment sur le pont et le lança sur le faux ingénieur. Tous les deux, l’ingénieur et le chat noir, disparurent. On ne retrouva qu’un petit tas de poils ensanglantés.

Si vous vous rendez à Québec un jour, et que vous souhaitiez traverser le fleuve, il vaudrait peut-être mieux emprunter le pont Pierre-Laporte car il paraît que le diable attend toujours de se venger….

Connaissez-vous la chute Montmorency, sur la Côte-de-Beaupré, tout près de Québec? Au fil des ans, plusieurs personnes ont juré y avoir vu, quand la nuit tombe, une silhouette féminine, fine et blanche. C’est celle de Mathilde Robin, morte en 1759. Ou plutôt, celle du fantôme de cette femme qu’on appelle désormais : la Dame blanche…

Remontons le fil du temps jusqu’en 1759 : Mathilde vit sur la Côte-de-Beaupré. Elle est pleinement heureuse : à la fin de l’été, elle épousera le beau Louis, celui qui fait battre son cœur. Mathilde a cousu elle-même sa robe de mariée, blanche, comme il se doit. Quelques rumeurs planent sur Québec, comme quoi les Anglais voudraient s’emparer de la ville, mais Mathilde n’y prête pas trop attention. Rien ne peut assombrir son bonheur… Rien, sauf la guerre. Car le 31 juillet, tout bascule. Des cris retentissent soudain : les Anglais sont là, au pied de la chute! Ils veulent prendre Québec aux mains de la France! Les femmes et les enfants se réfugient dans la forêt pour attendre la fin des combats. Les hommes vont prêter main-forte aux soldats français. Le courageux Louis embrasse Mathilde et promet de revenir rapidement.

La Bataille de la chute Montmorency dure quelques jours. Quand elle cesse enfin, malgré le triste tableau des soldats des deux camps morts ici et là, des cris de joie montent dans le ciel de Québec : les Français ont gagné! Victoire! Les hommes regagnent la forêt pour retrouver leurs proches. Le cœur serré, Mathilde attend. Louis ne revient pas. Presque tous sont de retour, maintenant… et Mathilde attend, encore et encore.

Un commandant lui apprend la terrible nouvelle: Louis est mort au combat. Il ne reviendra pas. Folle de douleur, elle court vers sa maison, enfile sa robe de mariée blanche, pose son voile sur ses cheveux. Mathilde Robin se dirige ensuite vers la chute où son fiancé et elle aimaient tant se promener.

Cette chute au pied de laquelle Louis a péri. La pleine lune éclaire sa silhouette fragile. Mathilde ouvre largement les bras en croix. Dans un dernier gémissement de douleur, elle se laisse tomber dans les eaux tumultueuses de la chute Montmorency. On dit que son voile fut emporté par le vent et qu’il se déposa sur les rochers. Quand les gens de la Côte-de-Beaupré passèrent devant, le lendemain, une nouvelle cascade était apparue. On l’appela le Voile de la mariée. Elle est toujours là, juste à gauche de la chute.

Aujourd’hui, deux siècles et demi plus tard, si vous passez par la chute Montmorency, la nuit, vous apercevrez sans doute une frêle jeune fille vêtue d’une longue robe blanche. C’est le fantôme de Mathilde, la Dame blanche. Il arrive même qu’on l’entende gémir jusque sur l’île d’Orléans. Si vous la voyez, ne l’approchez pas trop… On raconte que tous ceux qui ont tenté de toucher à la robe de la belle Mathilde ont connu une mort brutale quelques jours plus tard… Alors contentez-vous de regarder, de loin, le Voile de la mariée et cette Dame blanche, qui pleure pour toujours la mort de son fiancé

Source: Tiré de Michel Meurger et Claude Gagnon, Monstres des lacs du Québec, Montréal, Éditions Stanké, 1982, p.32-34. via Grand Québec

 

La présence d’un terrible monstre dans le lac Pohénégamook, situé dans la région du Bas-Saint-Laurent, est un mystère qui date de plusieurs décennies.

Ce lac aux eaux profondes et sombres se trouve au sud de Rivière-du-Loup, à la frontière du Québec et du Maine. Les premières apparitions de la bête ont été signalées au XIXe siècle. Mais ce n’était que le commencement d’une longue histoire.

En effet, au début du vingtième siècle, vers 1901, M. Pierre Lajeunesse a affirmé avoir aperçu un étrange monstre dans les eaux du lac. M. Carol Couture, vers 1922, confirme les paroles de M. Lajeunesse, et il décrit le monstre plutôt comme un poisson. En 1942, une jeune fille du nom de Janine Lupu a dit pourtant que le monstre ressemblait à un « dragon médiéval ».

Selon Mme Lupu, il s’agissait d’un monstre de plusieurs mètres de longueur, avec des « ailes » qui avait des yeux grands comme des soucoupes et était de couleur verte.

L’automne 1957 fut une saison marquante de cette histoire. Une citoyenne suisse, Mme Nicole Périat qui passait ses vacances au lac, a filmé le monstre grâce à une caméra professionnelle qu’elle avait apporté (étant responsable de l’Office du Film de Genève, Mme Périat savait utiliser les caméras lourdes et complexes de cette époque).

Sur le film, on aperçoit un monstre avec une bosse sur le dos et deux grandes cornes dorées.

Après la diffusion de ces images, des centaines de personnes arrivèrent au lac Pohénégamook, désireuses de voir ou de prendre en photo “la bête”, malgré le mauvais état de la route 51 (aujourd’hui 289) à cause d’importants travaux de réparation.

L’intérêt pour le phénomène fut tellement grand que la plupart des journaux du Québec et du Canada y consacrèrent des reportages. Les journaux des états américains voisins y firent écho et même la presse argentine a pris la parole. Les seules publications à avoir ignoré le phénomène étaient les journaux du Canada anglais, mais on comprend leurs raisons : l’envie, avant tout, éternelle responsable de tous les maux du Canada !

En janvier 1958, un journal de Montréal a offert une récompense pour la capture du monstre et un mois plus tard, l’Assemblée législative du Québec (aujourd’hui, l’Assemblée nationale) a exigé, du député M. Robert Théberge (député de Chambly), des détails sur cet événement bizarre qui troublait le calme des Québécois.

Jusqu’à ce jour, les résidents de la région en grande majorité croient à l’existence du monstre, tandis que les étrangers sont plutôt incrédules. Certains disent que c’est probablement un grand esturgeon échappé d’un bassin d’élevage (un ancien curé de Saint-Éleuthère élevait ces poissons). D’autres sont certains que ce n’est qu’un « gros poisson d’avril », né dans les histoires de pêcheurs. Il y en a qui disent que les descriptions de la bête témoignent d’une imagination fertile des habitants de la région.

Nonobstant, dans les années quatre-vingt-dix, des dizaines de personnes ont aperçu ce « dragon des eaux », il s’agit parfois de groupes de 10 voire de 20 personnes.

Une touriste du Témiscamingue, une certaine Michelle B., jeune archiviste, diplômée de l’Université de Montréal qui s’y trouvait en compagnie de la professeure Isabelle Dion et du professeur Jacques Grimard, a failli être enlevée par le monstre et si ce n’était grâce aux efforts de M. Grimard, elle aurait succombé sous les dents de la créature-des-profondeurs-obscures-du-lac-maudit.

Un citoyen de la ville voisine de Saint-Éleuthère a même affirmé avoir vu deux monstres à la fois. D’autres l’ont photographié (les Archives nationales du Québec gardent ces diapositives, mais, malheureusement, leurs responsables ont refusé notre demande d’autorisation pour la publication de ces photos).

Le fait est que le secret du lac Pohénégamook n’est toujours pas éclairci malgré que moult scientifiques aient essayé de découvrir la vérité. À propos, le nom du lac provient de la langue amérindienne et signifie « lac moqueur ». Est-ce pour cette raison qu’un monstre vient narguer les habitants de la région par de fugaces apparitions ?

Le monstre est baptisé « Ponik » en 1974, lors des célébrations du centenaire de Saint-Éleuthère. Saurons-nous un jour la vérité sur toute cette histoire, nul ne le sait. Mais l’Université de Montréal a le projet d’investir 750 mille dollars suisses dans les recherches. Nous venons d’apprendre d’une source digne de confiance que Madame Élise T. vient d’être nommée responsable de la réalisation du projet, coordonné avec l’Université de Saragoza en Espagne, dont le responsable est Don Pedro Palacios, un fameux spécialiste en science marine.

Memphré: le monstre du lac memphré-magog

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Tout le monde sait qu’habite dans les profondeurs insondables du Lac Memphrémagog un grand monstre du nom de Memphré. Au fil des années, des centaines de personnes ont eu la chance de voir surgir cette mystérieuse créature, ce terrible dragon qui est aujourd’hui devenu la mascotte officielle du Centre-ville de Magog.

C’est en 1816 que Ralph Merry, le premier colon établi à Magog, écrit dans son journal, conservé par la Société Historique de Stanstead, qu’il a rencontré 8 personnes qui lui ont relaté les 14 apparitions d’un énorme serpent au lac Memphrémagog. Il ajoute : « J’ai ouï dire que les Indiens ne se baignaient pas dans le lac à cause des monstres géants et des alligators. »

En 1871, le premier manuel officiel de la Géographie du Québec édité par l’Université Laval, mentionne : «Il n’y a pas de serpents à sonnettes, mais il ne faut pas oublier le gros serpent qu’on nomme Memphré et qui se montre au lac Memphrémagog.»

Dans les années 1850, 1853, 1855, 1866, 1871, 1877, 1879, 1892, 1901, 1922, 1927, 1939, 1940, 1956, 1967, 1969, 1973, 1974, 1988, 1991, 1995, 1996, 1998, 1999, 2000, 2002, 2004, 2005, 2006, des journaux rapportent des apparitions du dragon à chaque fois plus fréquentes sur le lac Memphrémagog.

(…)

L’Assemblée nationale du Québec a passé une loi, adoptée à l’unanimité le 31 avril 1999 ( L.Q. 19-99) déclarant Memphré Patrimoine National des Québécois et assignant une allocation de 218 763 dollars en nourriture et consommation par année afin de le préserver pour les générations à venir.

Champ: le monstre du lac Champlain

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La créature du Lac Champlain, lac situé dans l’état du Vermont en Nouvelle-Angleterre fait partie de ces grandes créatures aquatiques qui hantent les lacs immenses des régions froides ou tempérées.

Le plus célébre de ces « monstres » est bien sur celui du Loch Ness situé en Ecosse, mais nous pouvons également cité l’Ogopogo qui vit dans le Lac Okanagan en Colombie Britannique, ou Tessie qui hante le lac Tahoe situé en Californie….

Ces monstres vivraient dans de grandes étendues lacustres : Le Lac Champlain borde les états du Vermont, du Quebec et de New-York. Il est relie au Saint-Laurent par le rivière Richelieu, et à la rivière Hudson. Long de 175 kilomètres, sa plus grande largeur atteint près de 18 kilomètres.

Le Lac Champlain – Lac issu du rétrécissement d’un bras de mer Atlantique appelé « Mer de Champlain », sa profondeur atteint plus de 130 mètres….

Bien que situé de part et d’autre du 45ème parallèle Nord, ce lac subit les rudes hivers Vermontois et en conséquence est gelé plusieurs mois de l’année dans presque sa totalité.

Les premiers témoignages sur le monstre surnommé affectueusement de nos jours Champie, Champy ou Champ remontent avant l’apparition de l’homme Blanc en Amérique….

Les tribus indiennes qui habitaient les rives du lac, les Iroquois, les Abnaki et les Algonquins croyaient fermement en la présence d’un immense serpent cornu…..Protubérances au sommet de la tête couramment citées à propos de ces créatures des lacs qui pourraient êtres des « cornes » ou bien des jets d’haleine provenant d’évents comme le souffle des baleines et autres cétacés.

Ce serpent géant cornu avait pour nom indien Chaousarou.

Un des plus célèbre explorateur de ces régions Samuel de Champlain a relaté qu’il avait vu le monstre lors de son expédition sur le Lac en Juillet 1609.

Champlain décrit un énorme serpent de sept mètres de long, aussi large qu’un tonneau, et possédant une tête en forme de cheval. Il convient de noter que cette forme de tête d’aspect chevalin est également rapportée dans le cas du monstre du Loch Ness.

Champlain a également relaté dans Les voyages de Champlain une autre rencontre étrange dans la Baie des chaleurs en Gaspésie :

Il y a encore une chose étrange, digne de réciter, que plusieurs sauvages m’ont assuré être vrai : c’est que, proche de la Baie des Chaleurs, tirant au Sud, est une île où fait résidence un monstre épouvantable que les sauvages appellent Gougou, et m’ont dit qu’il avait la forme d’une femme, mais fort effroyable, et d’une telle grandeur, qu’ils me disaient que le bout des mats de notre vaisseau ne lui fut pas venu jusqu’à a ceinture, tant ils le peignent grand; et que souvent il a dévoré et dévore beaucoup de sauvages; lesquels ils met dedans une grande poche, quand il les peut attraper, et puis les mange; et disaient ceux qui avaient évité le péril de cette malheureuse bête, que sa poche était si grande, qu’il y eut pu mettre notre vaisseau.

Ce monstre fait des bruits horribles dedans cette île, que les sauvages appellent le Gougou; et quand ils en parlent, ce n’est que avec une peur si étrange qu’il ne se peut dire plus, et m’ont assuré plusieurs l’avoir vu. – Samuel de Champlain

Même le dit sieur Prévert de Saint Malo, en allant à la découverture des mines, ainsi que nous avons dit au chapitre précédent, m’a dit avoir passé si proche de la demeure de cette effroyable bête, que lui et tous ceux de son vaisseau entendaient des sifflements étranges du bruit qu’elle faisait, et que les sauvages qu’il avait avec lui, lui dirent que c’était la même bête, et avaient une telle peur qu’ils se cachaient de toute part, craignant qu’elle fut venue à eux pour les emporter;

et qu’il me fait croire ce qu’ils disent, c’est que tous les sauvages en général la craignent et en parlent si étrangement, que si je mettais tout ce qu’ils en disent,l’on le tiendrait pour fables; mais je tiens que ce soit la résidence de quelque diable qui les tourmente de la façon. Voilà ce que j’ay appris de ce Gougou. – Sieur Prévert de Saint-Malo

Depuis ce premier récit, sur les quatre derniers siècles, des centaines de personnes ont prétendu avoir vu des phénomènes étranges à la surface du lac Champlain, pouvant être crédité à la présence d’un énorme animal aquatique en son sein.

Une des meilleures preuve de l’existence de Champy est une photo argentique. Cette photo a été prise au début du mois de Juillet 1977 par Sandra Mansi. Cette dernière native de Middlebury (Vermont) picniquait avec son époux Tony et ses deux enfants sur les rives du lac Champlain à Nort Hero. Quand soudain les témoins remarquèrent des remous étranges à la surface calme du lac. Quelques secondes plus *tard, un animal de plusieurs mètres fait surface exhibant aux témoins ébahis un long cou surmonté d’une tête.

L’animal était énorme de gouleur grisatre et tournait son long cou latéralement comme s’il essayait de se repérer. Une bosse de son dos était également visible émargeant dans le sillage de son énorme cou.

Tony Mansi se leva, ecarta promptement ses enfants du rivage et jeta à son épouse une petit instamic avec lequel Sandra pu prendre la photographie suivante qui est devenue célébrissime.

Il existe à l’embouchure du fleuve un petit groupe de jeunes sirènes qui eurent un jour la malchance de s’égarer alors qu’elles voyageaient en banc. Elles avaient pris la direction de la Méditerranée en compagnie de leurs aînées pour rejoindre ensuite leurs demeures situées en mer Rouge. Ces créatures à la tête et au torse de jeune femme, avec une queue de poisson, sont désormais perdues entre les îles de la Madeleine et l’île d’Anticosti. C’est ainsi que l’on peut voir parfois ces ravissantes reines des mers s’approcher des bateaux de pêcheurs gaspésiens en espérant qu’un capitaine consentira à les conduire jusque chez elles. Leurs chants ont la même douceur enivrante et leurs gestes sont tout aussi gracieux et envoûtants que leurs semblables des mers. Les témoins de leurs apparitions prétendent qu’elles ont la peau de la couleur du flétan, une chevelure très fine leur tombant à la ceinture et que, sous le soleil, on la croirait recouverte d’une pellicule d’or.

Les marins racontent que l’une d’entre elles se glissa un jour sur le pont d’un navire et qu’elle demanda à un pêcheur de lui ôter, avec son canif, les sangsues qui couvraient la grande nageoire de sa queue. Le pauvre homme en tomba éperdument amoureux et, oubliant femme et enfants, se lança à l’eau derrière elle pour aller la rejoindre. On ne le revit jamais.

Créatures fantastiques du Québec. 1, Bryan Perro