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Histoire du Québec

Les premières nations
Les indices des plus anciens peuplements du Québec remontent à la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 10 000 ans. Les Autochtones pénètrent dans la vallée du St-Laurent, utilisent des tentes en peaux, se déplacent sur les cours d’eau en canots, chassent l’orignal, font la pêche, se nourrissent de petits fruits. Ils ont des échanges  commerciaux avec des occupants du Labrador, de la Pennsylvanie et de la région des Grands Lacs où l’on trouve du cuivre natif.

Il y a 3000 ans environ, principalement dans la partie méridionale du Québec,  les Indiens développent de la poterie, des outils en pierre de plus en plus raffinés, et vers le VIII siècle de notre ère, cultivent le maïs, la courge, le tournesol et le haricot.

Les Inuits occupent le nord du Québec et pendant un certain temps, la côte du Labrador et de la Basse Côte Nord du Québec jusqu’à la pointe aux Esquimaux (Havre St-Pierre).

Lorsque les Français entreprennent l’exploration de l’Amérique, on estime qu’il y a environ 30 000 Autochtones sur le territoire  québécois. Entres autres, des Algonquins  au nord du St-Laurent, des Cris à la Baie James, des Micmacs en Gaspésie, des Hurons à Québec, des Montagnais de Québec jusqu’au Saguenay et vers l’est jusqu’à la porte du Labrador, des Iroquois dans la plaine du St-Laurent et bien d’autres nations de la côte atlantique de la Nouvelle Angleterre jusqu’à la vallée du St-Laurent.

Des Vikings, des Basques, des Bretons… et Verrazano
Venant de l’Islande, des Vikings laissent des traces de leur occupation  à Terre Neuve; certains estiment qu’ils ont probablement navigué sur les eaux du Golfe St-Laurent autour de l’an 1000, peut être même au sud dans le Vineland.

Des Basques, des Bretons participent à des expéditions de pêche à la morue sur les grands bancs de Terre Neuve et à la chasse à la baleine dans le Golfe pour la production d’huile utilisée en Europe pour s’éclairer.  La première expédition française avérée date de 1508.

Verrazano est commandité par le roi de France en 1524 pour trouver un passage vers la Chine; il scrute minutieusement la côte atlantique de la Floride jusqu’à Terre Neuve, mais pas de chance, il rentre bredouille.

Jacques Cartier 1534-1542
Le roi de France, François 1er, finance les voyages de Jacques Cartier, pour trouver de l’or, des épices, de la soie et bien entendu le chemin vers la Chine et les Indes. Il rate la découverte du fleuve St-Laurent, mais revendique au nom de la France la baie de Gaspé, en plantant une croix de 9 mètres de hauteur le 23 juillet 1534.

À son second voyage en 1535, il remonte le St-Laurent jusqu’à Hochelaga (Montréal),  grimpe une colline à proximité qu’il nomme Mont Royal, mais sa progression vers l’intérieur du continent se butte au fleuve qui se transforme en rapides qu’on appellera plus tard les rapides de Lachine. Cartier passe l’hiver à Stadaconé.  (Québec).

Les marins sont mal préparés pour affronter les hivers rigoureux de ce nouveau territoire. Plusieurs personnes sont atteintes de scorbut, perdent leurs forces et leurs dents. Sur 110 hommes de l’équipage 25 perdent la vie.

Cartier est de retour une troisième fois en 1541. Il est désormais sous les ordres de Roberval; ils ont pour mission de fonder une colonie avec quelques centaines de colons, peu de volontaires, surtout des conscrits. Ils s’installent près de la rivière du Cap Rouge, un peu en amont de Stadaconé et construisent deux forts, l’un sur le cap, l’autre près de la rivière.

L’hiver frappe encore, les Indiens sont plus hostiles. Des colons trouvent des feuilles d’or et des pierres semblables à des diamants. Cartier s‘énerve, fait faux bond à Roberval qui a pris du retard et rentre en France en 1542, avant son chef. Malheureusement, la fabuleuse découverte n’est que de la pyrite et du quartz. Faux comme les diamants du Canada, dira l’expression longtemps restée dans les mémoires. Finalement Roberval  rentre en France en 1543, la carrière américaine de Cartier est fichue et la fondation de la colonie attendra encore 60 ans avant de voir le jour.

Des projets de colonies françaises tentent de s’implanter au Brésil et en Floride entre  1555 et 1565 mais ici encore, c’est un échec. La France est aux prises avec des guerres de religions qui déchirent le pays. Le roi doit consolider son royaume avant l’expansion de son domaine dans les lointaines Amériques.

Les pêcheurs et les baleiniers poursuivent néanmoins leurs activités. Ils procèdent de plus en plus à des échanges avec les Autochtones : objets en métal des Européens contre de belles fourrures d’Amérique. Des marchands s’intéressent à ce commerce, avec des tentatives d’établissements permanents en Acadie et dans la vallée du St-Laurent. Le roi accorde des privilèges à des sociétés commerciales en retour de ces premières installations. Le huguenot Pierre Dugas de Mons obtient le monopole de ce commerce et établit  une colonie à Port Royal dans la baie de Fundy. C’est la première colonie française en Nouvelle France qui deviendra l’Acadie et donnera éventuellement naissance au peuple acadien. Malheureusement, Port Royal sera attaqué par des colons anglais de la Virginie;  l’amiral Argall s’empare de la petite communauté en 1613, mais les Français, à la faveur d’un traité, reviendront en Acadie à compter de 1632.

Fondation de la ville de Québec en 1608
Samuel de Champlain qui accompagne de Mons, est un visionnaire, un explorateur exceptionnel. Il comprend rapidement l’intérêt du commerce des fourrures et la nécessité d’un établissement permanent dans la vallée du St-Laurent. En 1608, Québec devient le premier véritable établissement français en Amérique.  La colonisation progresse lentement.  En 1618, Champlain soumet un mémoire aux autorités et finit par convaincre le cardinal Richelieu de s’intéresser sérieusement à la Nouvelle-France. C’est la naissance de la compagnie des Cent-Associés à qui l’on confie en 1627 un monopole sur la traite des fourrures en échange d’un engagement à coloniser le nouveau territoire. On amène 400 colons en 1629, mais ceux-ci tombent aux mains d’une flotte britannique dans le Golfe St-Laurent.

En 1634, des migrants venus du Perche sont les premiers à générer une activité agricole régulière sur les rives du St-Laurent. Trois-Rivières et Montréal sont fondées respectivement en 1634 et 1642, mais la colonie se développe toujours lentement; seulement 3000 personnes en 1662. Le climat rigoureux, l’hostilité des Iroquois et l’interdiction faite aux huguenots de s’établir dans la Nouvelle France catholique, expliquent pourquoi les Français hésitent à quitter leur pays pour une aventure trop risquée.

Le gouvernement royal  1663-1760
En 1663, Louis XIV décide enfin de prendre les choses en main plutôt que de laisser  l’essor de la petite colonie aux seuls commerçants. Le roi met en place des structures administratives et nomme Jean Talon premier intendant de la Nouvelle France. Pour défendre la colonie contre les Iroquois, il envoie le régiment de Carignan avec 1200 soldats dont 400  s’établiront définitivement dans la colonie. Manque de femmes, on recrute soigneusement « les filles du Roy»  pour favoriser les mariages et les familles. Jean Talon recommande de recruter des femmes « n’ayant rien de rebutant à l’extérieur, qui soient saines et fortes pour le travail de la campagne». Ce ne sont pas des prostituées contrairement à ce qu’on a longtemps laisser croire. La colonie prend du mieux mais les coloniaux de la Nouvelle Angleterre sont 15 fois plus nombreux.

Le traité d’Utrecht de 1713 permet aux Britanniques de prendre l’Acadie et de vastes territoires autour de la Baie d’Hudson. Quelques Acadiens quittent pour la vallée du St-Laurent mais plusieurs restent sur leurs terres jusqu’en 1755. Les autorités anglaises décident alors de les expulser vers les colonies de la côte atlantique. Certains se réfugient dans le nord du Nouveau Brunswick, en Gaspésie et même en Louisiane.

Le commerce des fourrures force les Canadiens et les Français à explorer le centre de l’Amérique à l’ouest des Grands Lacs jusqu’aux contreforts des Rocheuses, et vers le sud jusqu’au Golfe du Mexique par le Mississippi.

Pendant cette période il y a plusieurs conflits en Europe et entre  les colonies françaises et britanniques, notamment la guerre de sept ans de 1756 à 1763. La défaite française est officialisée par le traité de Paris en 1763. La France doit choisir entre ses colonies des Antilles aux ressources naturelles facilement disponibles (canne à sucre, rhum…) et le vaste territoire d’un immense continent peu peuplé, difficile à défendre, vivement convoité par les coloniaux britanniques. Fini la Nouvelle-France; ses 60 000 habitants francophones devront composer avec le nouvel occupant. À Paris, on  fête la paix enfin revenue. Louis XV croit que la Grande-Bretagne a hérité d’un cadeau empoisonné.

L’Empire britannique 1663
L’empire britannique veut prendre le contrôle de la colonie et assimiler rapidement les colons francophones. Elle crée la colonie britannique de la « Province of  Québec ». On décide d’imposer les lois anglaises au civil et au criminel. Le gouverneur exige le serment du test qui consiste à renier la religion catholique pour accéder à un poste dans l’administration. Il doit aussi encourager l’immigration britannique et implanter des écoles protestantes. Ce plan ne fonctionne pas parce que les immigrants préfèrent les colonies anglaises de la côte atlantique.  Les colons anglais n’aiment pas non plus les nouvelles taxes imposées par Londres pour payer les dépenses de la guerre de sept ans.

L’Acte de Québec de 1774
Les Britanniques craignant une insurrection dans les colonies, veulent éviter que les francophones du Québec s’allient avec les rebelles américains. La fière Albion vote l’Acte de Québec qui donne aux  francophones  le code civil français, la reconnaissance du clergé catholique, l’abolition du serment du test et l’annexion du territoire de l’Ohio, du Labrador et des Grands Lacs.

Les rebelles de la Nouvelle-Angleterre envahissent la « Province of    Quebec », mais sont défaits en 1775 par les troupes britanniques appuyées par le clergé et les seigneurs du bon peuple français.

L’Acte constitutionnel de 1791
La guerre d’indépendance américaine a des impacts importants sur le Québec. Plusieurs colons britanniques, les loyalistes fidèles à la couronne quittent les États-Unis vers le nord dans une colonie britannique essentiellement francophone !  Les autorités créent deux entités politiques : le Bas-Canada majoritairement francophone et le Haut-Canada majoritairement anglophone à l’ouest de la rivière des Outaouais. On introduit quelques éléments de démocratie mais les décisions politiques finales restent aux mains de Londres.

L’Acte d’Union de 1840
Les Canadiens français ne sont pas satisfaits des pouvoirs limités de l’Acte de 1791. Ils font état de leurs griefs dans un document expédié à Londres en 1834. Le gouvernement de la métropole répond négativement et renforce même le pouvoir du gouverneur aux dépens du parlement.

Un mouvement de protestation prend forme; c’est la rébellion des patriotes de 1837-38. Le pouvoir britannique riposte en envoyant des troupes armées dans les villages les plus revendicateurs. Des maisons sont incendiées, une église où se réfugient des paysans est brûlée, des patriotes sont pendus à Montréal.

Le rapport Durham conclut que les troubles du Bas-Canada sont dûs à la présence de deux groupes culturels qui ne s’entendent pas sur la gouvernance de la colonie. Lesautorités imposent l’Acte d’Union qui unit les deux Canada, désormais le Canada-Uni, et met de l’avant des mesures d’assimilation des francophones; le nombre de représentants de l’ancien Haut-Canada est le même que celui de l’ancien Bas-Canada dont la population est beaucoup plus nombreuse.

La situation économique reste difficile. Les terres agricoles commencent à manquer, le commerce des fourrures est en déclin; il y a des rumeurs d’invasion américaine.

L’Acte de l’Amérique du nord  britannique de 1867
Encore une fois, on révise le mode de gouvernance. En 1864 les colonies britanniques des Maritimes se réunissent pour discuter d’un projet d’union entre elles; le Canada-Uni n’est pas invité, mais se présente tout de même à la conférence de Charlottetown. Vient ensuite la conférence de Québec en octobre de la même année. Les délégués discutent et négocient (seulement 4 des 33 délégués sont Canadiens-français), pour finalement en arriver aux idées clés suivantes; une monarchie, une union fédérale, des pouvoirs au gouvernement central dont l’armée, la poste, le droit criminel, les droits de douanes, le transport interprovincial, un pouvoir résiduaire, des pouvoirs aux gouvernements locaux dont la santé, l’éducation, les ressources naturelles et les municipalités. En cas de litige c’est le pouvoir central qui tranche. Ce droit de désaveu sera éventuellement balisé par une  Cour  britannique et plus tard, par la Cour suprême du Canada qui aura pleine juridiction sur les questions constitutionnelles en 1949.

Pour le Parlement québécois, la langue française aura le même statut que la langue anglaise, ses lois civiles seront protégées, son système d’éducation catholique sera garanti à la condition d’assurer le droit des protestants.

La Grande Bretagne décide de l’entrée en guerre du Canada en 1914. La conscription met en relief les divergences d’opinions entre francophones et anglophones. Le nationalisme canadien français se transformera graduellement  en nationalisme québécois au cours des  décennies suivantes.

L’exploitation des ressources naturelles progresse rapidement mais le financement et le contrôle des entreprises appartiennent surtout à des Britanniques ou des Américains. Les francophones restent attachés à la famille, à l’Église catholique et à l’agriculture. C’est aussi le « Maître chez nous » de l’abbé Groulx dès 1922.

La grande dépression et la deuxième guerre mondiale 1929-1945
De 1929 à 1933, le chômage passe de 3% à 25% et les salaires chutent de 40%. Le ralentissement économique ne se résorbera qu’avec la guerre de 39- 45. Le Canada entre en guerre avec promesse faite aux Canadiens français qu’ils ne seront pas conscrits  contre leur gré. Cette décision est annulée par un plébiscite. Le refus des Québécois francophones s’exprime à 85%; l’accord des autres provinces est de 80%. Bien des Québécois constatent que leur nombre n’est plus suffisant pour se faire entendre au niveau fédéral. Ils constatent aussi que les francophones des autres provinces sont lentement assimilés par les communautés anglophones.

Des réformes 1946-1975
Maurice Duplessis est premier ministre du Québec jusqu’en 1960. Conservateur au plan social laissant aux congrégations religieuses des responsabilités en santé, en éducation et en soins aux démunis,  il est particulièrement favorable aux investissements américains. Il s’oppose aux tendances centralisatrices du gouvernement fédéral qui depuis la guerre dispose d’un important pouvoir de taxation et de moyens financiers substantiel au détriment des finances provinciales. Le Québec a obtenu en 1955  un impôt sur le revenu qui lui est propre.

Jean Lesage du parti libéral est élu premier ministre en 1960. On crée le ministère de l’éducation pour effacer le retard des Québécois en scolarisation, on nationalise l‘hydroélectricité, organise des fonds d’investissement. Le gouvernement prend ses distances avec l’Église, les femmes « prennent la pilule »  et s’intègrent au marché du travail, on met au point l’assurance maladie. C’est la révolution… tranquille.

C’est aussi la transformation du nationalisme québécois en un mouvement indépendantiste qui regroupe trois différents partis en un seul, le Parti québécois. Ce parti, sous la gouverne de René Lévesque, ancien ministre libéral et ancien journaliste à Radio-Canada, prendra le pouvoir en 1976. Entretemps, le général de Gaule en visite au Canada en 1967 prononce le  célèbre  « vive le Québec libre »  devant une foule en liesse à Montréal.

Les tensions entre le gouvernement québécois et le gouvernement fédéral sont assez vives. Certains québécois choisissent des actions violentes pour appuyer les changements politiques. Des membres du Front de libération du Québec (FLQ) posent des bombes, enlèvent un diplomate britannique, préparent un manifeste qui est lu solennellement  à la TV de Radio-Canada,

Enlèvent Pierre Laporte vice-premier ministre du Québec
Le gouvernement de Robert Bourassa demande l’intervention du fédéral et le 16 octobre 1970, le gouvernement de P.E. Trudeau décrète la loi sur les mesures de guerre qui peut suspendre droits et libertés. Environ 500 personnes sont arrêtées et placées en détention préventive sans connaître les chefs d’accusation portés contre elles.  Les soldats de l’armée canadienne viennent assurer la sécurité des lieux publics. Le 17 octobre, le cadavre de Pierre Laporte est retrouvé dans le coffre d’une voiture. Tous les leaders politiques québécois condamnent la violence et le terrorisme; les ravisseurs du diplomate britannique s’exilent à Cuba après avoir libéré leur otage et les assassins de Laporte seront jugés et condamnés. La crise d’octobre 1970 est terminée.

Province ou Pays  1976…
Le parti québécois prend le pouvoir en 1976 et forme un conseil des ministres très solide; plusieurs lois à caractère progressiste sont bien acceptées par la population;  le projet de loi linguistique communément appelée « loi 101 » crée cependant des remous, notamment l’affichage commercial uniquement en français et l’accès aux écoles anglaises. Seuls les enfants dont les parents auront fréquenté le réseau anglophone du Québec  (et éventuellement du Canada) auront accès à l’école anglaise. Cette loi affectera surtout les immigrants contraints d’envoyer leurs enfants dans le réseau français jusqu’à la fin du secondaire. Plusieurs critiques proviennent d’associations d’immigrants qui crient à l’injustice, le directeur du journal Le Devoir estime que des dispositions briment la liberté d’expression, le premier ministre du Canada P.E. Trudeau dénonce une loi ethnique. Le gouvernement garde le cap. Au fil des ans, la loi subira quelques modifications mais les dispositions concernant la langue d’enseignement ne sont pas remises en question et font aujourd’hui l’objet d’un large consensus.

C’est par  référendum que le gouvernement décidera de faire l’indépendance ou non. La proposition indépendantiste est rejetée à 59.5% le 20 mai 1980. Lévesque concède la victoire et par un discours très sobre conclut   « À la prochaine ». Trudeau parle de « quelques blessures à l’âme à guérir » en s’adressant à ses compatriotes du Québec.  En 1982, le premier ministre fédéral Trudeau rapatrie la constitution canadienne qui est toujours à Londres, avec l’accord des provinces sans  celui du Québec.  Les Provinces souhaitent obtenir un droit de véto sur les amendements constitutionnels; Trudeau menace de recourir à un rapatriement unilatéral. Pendant une dernière discussion en pleine nuit afin de résoudre le dilemme, les provinces acceptent de laisser tomber le droit de véto en échange d’une clause de dérogation. Lévesque n’est pas informé de cette réunion et apprend le résultat au petit déjeuner du lendemain. Il refuse de signer l’entente et quitte sur le champ. Le Québec n’a pas de statut particulier inscrit dans la constitution, reconnaissant sa langue, sa culture, ses institutions.

En 1987, le premier ministre Bourassa et le premier ministre fédéral Mulroney, tentent une réforme constitutionnelle avec le concours des autres provinces canadiennes. Il s’agit de faire adhérer le Québec à la constitution de 1982. L’accord du Lac Meech  vise notamment à doter le Québec d’un statut de société distincte au sein du Canada. Plusieurs souverainistes ne sont pas chauds à l’idée comme plusieurs fédéralistes d’ailleurs. L’ancien premier ministre Trudeau qualifie l’accord de gâchis total et assimile les nationalistes québécois à une bande de pleurnichards. Il craint l’affaiblissement du pouvoir central et la balkanisation du Canada. Des sondages montrent clairement qu’une majorité de Canadiens anglais s’oppose à cet accord et réclame des modifications. Finalement, le premier ministre de Terre-Neuve refuse de faire signer l’entente par son Assemblée législative. C’est un échec pour le Québec.

Il y aura encore des tentatives de réparer les dégâts; une commission québécoise chargée de formuler des recommandations sur l’avenir constitutionnel du Québec et un comité de la Chambre des communes à Ottawa formuleront des propositions…pour réformer toute  la Constitution canadienne. Un accord est conclu à Charlottetown le 28 août 1992, soumis à un référendum pancanadien et rejeté par les Québécois à plus de 56%. Ce nouvel échec a un impact sur le regain de popularité de l’option indépendantiste. Jacques Parizeau prend le pouvoir à Québec en 1994 et prépare activement la tenue d’un nouveau référendum pour 1995. Les sondages d’opinions ne lui sont pas tellement favorables mais une nouvelle démarche avec deux autres partenaires, Dumont de l’action démocratique et Bouchard du Bloc québécois change complètement la donne. La question référendaire propose que le Québec devienne souverain après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique. OUI ou NON ?

Pour donner plus de mordant à leur campagne, les souverainistes annoncent que si le OUI l’emporte, c’est Bouchard qui négociera le traité de partenariat avec le reste du Canada. La panique gagne le camp du NON qui prétend qu’il n’est pas nécessaire de voter OUI  pour obtenir des changements. C’est du déjà-vu pour les souverainistes. Le OUI est en avance dans les sondages. De nombreux Canadiens anglais  des autres provinces, ébranlés par ces pronostics, participent à une immense manifestation au centre ville de Montréal; c’est le fameux « love-in » qui fait fi des lois québécoises sur le financement de la campagne référendaire. Le 30 octobre 1995, 93.5%  des électeurs inscrits exercent leur droit de vote; OUI 49.4%, NON 50.6%. Chez les francophones,  plus de 60% ont voté OUI, mais les anglophones et les immigrants ont voté massivement pour le NON. Jacques Parizeau quitte ses fonctions et Lucien Bouchard devient premier ministre du Québec le 29 janvier 1996.

L’assainissement des finances publiques est au programme puisqu’à leur arrivée au pouvoir, les péquistes héritent des libéraux d’un déficit de 5.8 milliards de dollars pour l’année en cours. Au fil des ans, le service de la dette gruge de plus en plus le budget annuel du gouvernement. Après consultation du patronat et des syndicats, c’est la  loi du déficit zéro, un programme  de mise à la retraite anticipée pour 30 000 employés des secteurs public et parapublic et un réseau universel de garderies à coût modique. En janvier 2001, Bouchard démissionne en constatant qu’il n’a pas été en mesure de mobiliser les Québécois autour de la cause indépendantiste. Il sera  remplacé par Bernard Landry qui conclura avec les Cris « la paix des braves » pour la mise en valeur des forces hydrauliques du Grand Nord.

Au cours des années suivantes, ce sont surtout les libéraux de Jean Charest  qui occupent le pouvoir à compter de 2003 et qui devront faire face à la crise financière de 2008. Pauline Marois en 2012, péquiste et première femme première ministre du Québec tentera de régler la question des signes religieux ostentatoires, et Philippe Couillard veillera au retour du déficit zéro en coupant dans les services.

En 2018, un nouveau gouvernement est élu, dirigé par François Legault à la  tête d’un nouveau parti, la Coalition avenir Québec (CAQ). L’indépendance du Québec n’est pas à l’ordre du jour, pas plus d’ailleurs que les jeux constitutionnels. Ancien ministre péquiste, Legault veut appuyer le développement économique en aidant notamment les entreprises dans le virage numérique et robotique, combler les emplois disponibles dans de nombreuses PME, consolider les réseaux de la santé et de l’éducation et tenter une fois pour toute … de régler la question sensible du port des signes religieux. Essentiellement, il s’agirait d’interdire les signes religieux aux personnes en position d’autorité (juges, policiers, procureurs…) et aux enseignants du primaire et du secondaire du réseau public. Le nouveau premier ministre devra aussi veiller à la protection de l’environnement et à la transition énergétique.

Depuis la révolution tranquille, le Québec a effacé son retard dans bien des domaines. Des francophones occupent des fonctions clés dans de grandes entreprises et dans les secteurs public et parapublic. Les universités sont bien cotées et certaines brillent dans des domaines de pointe comme l’intelligence artificielle. Au plan social, le Québec est l’une des sociétés les moins inégalitaires en Amérique du Nord.

Bien sûr, il y aura toujours de grands défis pour un îlot francophone de 8 millions de personnes dans un univers nord-américain de 350 millions d’anglophones, et dans une économie mondialisée comme jamais.

Histoire à suivre…